Adresse du Colonel Amara Camara, Ministre Secrétaire Général de la Présidence de la République, lors de la réunion du Comité de Pilotage de la MAMRI

Colonel Amara Camara

Messieurs les Ministres,
Monsieur le Gouverneur de la Banque Centrale de la République de Guinée, Mesdames et Messieurs les Représentants des Partenaires Techniques et Financiers, Distingués Invités,

L’honneur m’échoit de prendre la parole, au nom de Son Excellence, Monsieur le Président de la Transition, Chef d’Etat, Commandant en Chef des Forces Armées Guinéennes, Colonel Mamadi DOUMBOUYA, à l’occasion de cette première réunion du Comité de pilotage de la Mission d’Appui à la Mobilisation des Ressources Internes (MAMRI).

Je me félicite de l’organisation de ce premier Comité de pilotage, qui marque une étape importante dans la perspective de donner une nouvelle impulsion à la MAMRI, comme inscrit dans la vision de refondation de l’Etat du Président de la Transition, Son Excellence Colonel Mamadi DOUMBOUYA, d’améliorer substantiellement la gouvernance économique et financière nationale.

Je voudrais ainsi profiter pour réitérer la ferme détermination du Chef de l’Etat à favoriser davantage la qualification du mécanisme de définition des politiques de mobilisation des ressources internes à travers une gestion optimale des régies de recettes, ainsi que toutes entités publiques mobilisant les ressources de l’Etat ; elles doivent désormais être plus efficiente et plus efficace pour doter l’Etat des capacités financières essentielles lui permettant de répondre aux aspirations économiques, politiques et sociales légitimes des populations.

C’est le lieu pour moi d’adresser mes vifs remerciements à tous les partenaires techniques et financiers pour leur appui constant dans l’accompagnement du Gouvernement dans la définition, le financement et la mise en œuvre des reformes. Je puis vous assurer que les autorités mettront tout en œuvre pour assurer un suivi efficace de ces réformes.

Messieurs les Ministres, Distingués Invités,

En dépit d’une croissance économique soutenue, dans un contexte marqué par des crises économiques, sanitaires et géopolitiques, le taux de pression fiscale de la Guinée, 13,4%, demeure encore en deçà de nos ambitions, relativement à la performance enregistrée dans certains pays voisins.

Cette faiblesse du rendement des impôts et taxes s’expliquerait, entre autres, par l’étroitesse de l’assiette fiscale et la sous-exploitation d’importants potentiels dans les différents secteurs de l’économie nationale notamment l’informel, les mines, les télécoms et les institutions bancaires et financières. Cette situation fait malheureusement peser le poids fiscal sur un nombre limité de contribuables affectant ainsi leur compétitivité.

Pour la fiscalité de porte, les processus d’intégration régionale et continentale à travers le Tarif Extérieur Commun (TEC) et la Zone de Libre Echange Continentale (ZLECAF) ont pour implication la baisse progressive des recettes douanières. Cette nouvelle donne nécessite que de nouvelles dispositions soient prises pour davantage moderniser l’administration douanière.

Quant aux recettes non fiscales, elles demeurent à des niveaux relativement faibles (moins de 6% des recettes publiques) à la lumière de l’important potentiel du pays. La qualité de la gouvernance des organismes publics (EPA et sociétés publiques) entretient dans une certaine mesure cette faible performance. Sur ce point, le Président de la Transition attend de toutes ces entités publiques des résultats et des versements conséquents de dividendes dans le budget de l’Etat.

Dans un contexte de renforcement de la gouvernance locale, la qualification de la gestion des finances locales apparait comme un impératif. Dans la mesure où l’Etat a transféré plusieurs compétences aux collectivités locales, l’exercice de celles-ci nécessite la mobilisation des ressources locales pérennes en tenant compte des forces et faiblesses de chaque collectivité. Ce renforcement des finances locales, par le recours aux outils innovants de mobilisation et de sécurisation des ressources, permettra d’atténuer la pression sur le budget national de développement.

Pour les autres ressources, notamment les épargnes de nos compatriotes, les fonds des migrants et les ressources constituées par d’autres acteurs privés (compagnies d’assurance, banques, institutions de microfinance, établissements de monnaie électronique, caisses d’épargne et de retraite, et autres), il n’y a aucun mécanisme opérationnel et viable pour les orienter vers le financement de l’économie nationale par le soutien des petites et moyennes entreprises en proie à de sérieuses difficultés d’accès aux ressources.

Messieurs les Ministres, Distingués Invités,

Certes, plusieurs initiatives de reformes sont en cours de mise œuvre pour renforcer la gouvernance économique et financière et spécifiquement pour accélérer et intensifier la mobilisation des ressources internes centrales et locales.

Au nombre de ces initiatives, il y a entre autres : l’adoption de la loi sur les assurances et la loi sur les transactions électroniques ; la mise en place de la Mission d’Appui à la Mobilisation des Ressources Internes (MAMRI) ; le renforcement des directions techniques intervenant dans la mobilisation des recettes publiques ; l’opérationnalisation progressive du Guichet Unique du Commerce Extérieur et de la Plateforme Electronique E-tax.

Pour la MAMRI, objet de la présente réunion du Comité de pilotage, il faut rappeler que c’est un organe ayant pour vocation d’appuyer de façon stratégique les services publics dans le champ de la mobilisation des ressources internes.

Du point de vue organisation, la MAMRI repose sur trois (3) organes : (i) le Comité de pilotage dont vous êtes membres ; (ii) le cadre de dialogue et de concertation, constitué des directeurs techniques relevant de vos départements respectifs et intervenant dans la mobilisation des ressources internes et (iii) la coordination générale, cheville ouvrière du dispositif.

Des membres du Comité de Pilotage autour MSG/PRG

Messieurs les Ministres, Distingués Invités,

Dans un contexte marqué par des chocs externes de grande envergure (COVID-19 et Guerre en Ukraine), le défi de mobilisation des ressources pour assurer le financement des politiques publiques pro-pauvres se pose à nous avec acuité.

La MAMRI constitue à cet effet un instrument efficace pour susciter des réflexions stratégiques en vue d’identifier les réformes appropriées à mettre en œuvre par les services opérationnels relevant de vos départements. La MAMRI n’est pas un service opérationnel. A ce titre, elle n’a pas pour vocation à se substituer aux régies de recettes publiques. Sa vocation est de vous apporter des solutions optimales en vue de rendre vos services performants.

Compte tenu de l’étroitesse du budget national, ces reformes devraient impérativement couvrir l’exhaustivité des ressources internes potentielles (recettes fiscales, recettes non fiscales, recettes locales, ressources privées, etc.) ainsi que les mécanismes et les outils de mobilisation et de sécurisation des ressources internes. D’où la nécessité d’une synergie d’action entre la MAMRI et les services techniques en charge de la mise en œuvre de la politique gouvernementale de mobilisation des ressources internes.

C’est pourquoi, je vous invite à instruire vos services à plus de collaboration avec la MAMRI dans le strict respect des attributions. Cette collaboration doit porter sur le partage et la remontée d’informations, l’implication dans les travaux de réflexions et des réunions d’orientations stratégiques notamment avec les partenaires techniques et financiers. L’opérationnalisation du cadre de dialogue et de concertation impliquant les directions techniques et la MAMRI doit également être effective. J’y veillerai personnellement pour plus de régularité et d’efficacité.

Les membres du Comité de pilotage, auxquels ces directions techniques dépendent, sont appelés, chacun en ce qui le concerne, à faciliter et à rendre vivante cette collaboration pour la bonne marche des initiatives de reformes dans le domaine de mobilisation des ressources internes.

Messieurs les Ministres, Distingués Invités,

La mobilisation des ressources internes porte respectivement sur la vision, la politique, les objectifs, les instruments et les acteurs. J’appelle donc les membres du Comité de pilotage, responsables de départements sectoriels impliqués dans la mobilisation des ressources internes, à prendre la mesure du défi de financement de nos politiques publiques à travers les projets identifiés et consignés dans nos documents de planification et de programmation en cours.

Le renforcement du dispositif de la MAMRI, pour appuyer les initiatives de réformes en faveur de la mobilisation des ressources internes, nécessite votre adhésion et votre disponibilité pour imprimer une nouvelle dynamique aux efforts gouvernementaux en cours dans ce domaine.

J’en appelle donc à votre sens de responsabilité et à votre engagement à vous inscrire résolument dans cette nouvelle démarche car la MAMRI est un instrument créé par et pour le Gouvernement. A ce titre, elle est à la disposition de tous.

J’attache du prix à ce que les conclusions et orientations stratégiques de ce Comité de pilotage contribuent au renforcement du cadre collaboratif entre tous les acteurs impliqués dans la mobilisation des ressources internes. Elles doivent également permettre de définir les perspectives à court et moyen terme de la MAMRI, devant être déclinées dans son plan d’actions.

Au nom de Son Excellence Monsieur le Président de la Transition, Chef de l’Etat, Chef Suprême des Armées, Colonel Mamadi DOUMBOUYA, je voudrais souhaiter à tous une fructueuse séance de travail.

Sur ces derniers mots, je déclare ouverte la première réunion du Comité de pilotage de la Mission d’Appui à la Mobilisation des Ressources Internes (MAMRI).

Je vous remercie.